En même temps, M. Rolland poursuivait en Suisse cette enquête qu'on lui avait refusée. Déjà, pendant la procédure de Toulon, voyant que les officiers à ce siège ne tenaient aucun compte des certificats venus de Lausanne et de Vevay, M. Rolland avait fait écrire à l'ambassadeur français en Suisse, le priant d'informer sur la mort d'Isaac. Sur cette initiative de M. le marquis de Puysieux, ambassadeur pour le Roi, avait été faite à Vevay, on se le rappelle, la procédure en usage pour établir la mort d'Isaac de Caille. Le ministre qui avait assisté le jeune homme à ses derniers moments, le propriétaire de la maison mortuaire, le médecin, l'apothicaire, le chirurgien, le menuisier qui avait fabriqué le cercueil, la garde qui avait enseveli le corps, les témoins qui l'avaient conduit à sa dernière demeure avaient été successivement entendus. Pareille procédure fut faite à Lausanne, où vingt-neuf témoins rendirent compte des études du jeune Isaac, de sa maladie de langueur attribuée à une trop grande application aux mathématiques. Le registre du professeur de mathématiques de Lausanne, dont extrait fut dressé, faisait partie de ces témoignages ainsi qu'un extrait d'acte public, contenant la signature d'Isaac et deux lettres écrites de sa main. Autre procédure à Genève, où furent entendus les professeurs de philosophie et de rhétorique de cette ville, attestant que, en 1681, 1682 et 1683, Isaac de Caille avait suivi leurs cours; que, en 1683, il avait seize ans. Extrait fut fait du Registre de l'Ecole de Genève, portant qu'Isaac de Caille s'était inscrit lui-même pour les cours de Théologie et de Belles Lettres. Tous ces témoignages, tous ces certificats, tous ces extraits, furent dûment légalisés par les Bourgmestres, les Syndics, les Résidents des différentes villes et enfin par les Souverains de Berne et par le marquis de Puysieux, lui-même. Trois tantes d' Isaac de Caille se joignirent au père pour protester dans cette enquête contre l'imposture du Soldat de marine.