Mais il est temps de dire, ce que le procès ne nous apprendrait qu'un peu tard, pour la clarté de ce récit : comment était venue à Pierre Mège dit Sans-Regret l'idée étrange de jouer le personnage du fils de Caille. Ce récit nous fera comprendre sur quels auxiliaires l'imposteur pouvait compter en commençant son attaque. Un jour assis dans un coin obscur d'un cabaret de Toulon, Pierre Mège buvait chopine quand entrèrent trois hommes dont le patois trahit bientôt à ses oreilles exercées des natifs de la haute Provence. Leur conversation lui montra bientôt en effet que ces buveurs étaient de Forcalquier et de Manosque. L un d'eux, récemment arrivé du pays pour vendre à Toulon des figurines d'albâtre, donnait aux deux autres des nouvelles de leurs parents et connaissances. Les de Caille, avant la révocation de l'édit, étaient seigneurs de ce pays, les buveurs ne tarirent pas sur les mésaventures de cette famille naguère si puissante et si riche. Ils parlèrent du vieux château des Caille, autrefois manoir orgueilleux, aujourd'hui triste débris, emblème de leur fortune écroulée;
ils parlèrent de la mort récente du dernier fils Isaac; de la donation faite à la Charité de Manosque par la dame Rolland; de la fortune considérable qui sans doute ne tarderait pas à revenir aux le Gouche et aux Rolland par la mort des derniers exilés de Genève. Les buveurs sur leur départ, Pierre Mège s'approcha d'eux et leur dit :_"Vous parliez tout à l'heure d'Isaac de Caille qu'on dit mort en Suisse, l'un de vous l'aurait-il connu, le reconnaîtrait-il? _Point, répondit un Manoscain mais nous avons à Toulon un pays, le menuisier la Violette, qui a fort connu toute la famille et qui reconnaîtrait bien M. de Caille le fils, si de fortune il n'était point mort. _Eh bien messieurs, si vous voyez la Violette envoyez-le donc chez moi. Je suis Sans-Regret, soldat de marine bien connu sur le port. Je pourrai dire à votre pays telle chose qui lui causera plaisir et profit".
A quelques jours de là, le menuisier la Violette alla trouver Sans-Regret qui, s'il fallait en croire ce que dit plus tard l'imposteur, l'accueillit par ces mots :_" Comment vous va, la Violette, ne me reconnaissez-vous point? A quoi la Violette aurait répondu _"Vous êtes le fils de mon ancien maître."
Ce qui dut se passer entre ces deux hommes, nous ne saurions le raconter avec précision aucun des deux n'ayant eu intérêt à l'avouer plus tard, mais ce qui est certain, c'est que quelque temps après, le soldat de marine Pierre Mège dit Sans-Regret, le menuisier la Violette et de Muges, le parent au fidéicommis, faisaient cause commune ; c'est que la Violette appuyait le Soldat de marine dans sa première démarche auprès de M. de Vauvray; c'est enfin que le témoignage de de Muges était un des premiers invoqués, avec celui de la Violette, pour établir l'identité du Soldat de marine avec Isaac de Caille.
ils parlèrent de la mort récente du dernier fils Isaac; de la donation faite à la Charité de Manosque par la dame Rolland; de la fortune considérable qui sans doute ne tarderait pas à revenir aux le Gouche et aux Rolland par la mort des derniers exilés de Genève. Les buveurs sur leur départ, Pierre Mège s'approcha d'eux et leur dit :_"Vous parliez tout à l'heure d'Isaac de Caille qu'on dit mort en Suisse, l'un de vous l'aurait-il connu, le reconnaîtrait-il? _Point, répondit un Manoscain mais nous avons à Toulon un pays, le menuisier la Violette, qui a fort connu toute la famille et qui reconnaîtrait bien M. de Caille le fils, si de fortune il n'était point mort. _Eh bien messieurs, si vous voyez la Violette envoyez-le donc chez moi. Je suis Sans-Regret, soldat de marine bien connu sur le port. Je pourrai dire à votre pays telle chose qui lui causera plaisir et profit".
A quelques jours de là, le menuisier la Violette alla trouver Sans-Regret qui, s'il fallait en croire ce que dit plus tard l'imposteur, l'accueillit par ces mots :_" Comment vous va, la Violette, ne me reconnaissez-vous point? A quoi la Violette aurait répondu _"Vous êtes le fils de mon ancien maître."
Ce qui dut se passer entre ces deux hommes, nous ne saurions le raconter avec précision aucun des deux n'ayant eu intérêt à l'avouer plus tard, mais ce qui est certain, c'est que quelque temps après, le soldat de marine Pierre Mège dit Sans-Regret, le menuisier la Violette et de Muges, le parent au fidéicommis, faisaient cause commune ; c'est que la Violette appuyait le Soldat de marine dans sa première démarche auprès de M. de Vauvray; c'est enfin que le témoignage de de Muges était un des premiers invoqués, avec celui de la Violette, pour établir l'identité du Soldat de marine avec Isaac de Caille.