La terre était belle ce matin-là. Il est vrai que pour moi elle est toujours belle. Mais souvent elle montre une figure rude et d'un abord difficile, surtout à l'homme de labeur qui ne l'affronte guère que pour lui imposer les marques de son travail.
Elle s'étendait devant moi, grise comme le temps, mais douce, avec ses mottes qui fondaient sous le pied. Sous les gouttelettes encore fraîches de la nuit, brillaient des herbes courtes, et l'odeur amère du chiendent, à chaque pas broyé par les semelles, montait autour de moi, qui avançais par lentes et grandes enjambées dans la glèbe luisante et noire.